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Chemin faisant

Un vieux fantasme … un vieux rêve ….  depuis l’an dernier, pas mal de sites consultés sur le sujet, depuis quelques mois plusieurs pistes envisagées, de la documentation étudiée  :

- notamment site internet et contacts avec l’ACIR :

Agence de Coopération Interrégionale

«Les chemins de Saint-Jacques de Compostelle»

4 rue Clémence Isaure - FR-31000 TOULOUSE

Tél. : +33(0)5 62 27 00 05

http://www.chemins-compostelle.com

 

  • Outre les informations, l’ACIR envoie sur demande le Crédential : véritable passeport du Pèlerin lui donnant accès aux hébergements dédiés tout au long du Chemin et dont la validation est nécessaire à l’obtention finale de la “Compostela” à l’issue du parcours.

l’ACIR met en garde contre le fléau inhérent à la grande fréquentation des Chemins : à savoir, les punaises de lit qui peuvent infester certains hébergements. J’en serai moi-même victime à l’Albergue municipale de Lugo et devrai prendre au retour toutes les précautions pour détruire d’éventuels intrus ayant pu se glisser dans les bagages (c’est ainsi qu’elles se propagent).

 

Achat et consultation d’un ouvrage espagnol spécialisé “Buen Camino” (formule de salutation entre Pèlerins sur les Chemins) incluant des conseils pour les cyclos sur les Camino Norte et Primitivo - ce qui n’existe pas en français ; une liste à jour des hébergements ; des renseignements sur les lieux traversés à chaque étape. Cet ouvrage accompagnera tout mon parcours.

Quelques semaines en amont : formalisation d’ un tracé théorique sur Openrunner sur routes au plus près des Chemins choisis : Voies de Baztan,  Chemin cotier, Chemin primitif - voire empruntant certains tronçons du Chemin si asphaltés.

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Au jour le jour :

 

Aujourd’hui,  avec 1 peu d’appréhension, j’avoue, je pars en solo pour Compostelle avec mon vélo,  mes sacoches et ma motivation..

 

Dimanche 26 Août : 2 petites étapes cyclos alternées avec le train, pour se mettre en jambes et rejoindre le point de départ du périple vers Compostelle.

Je pars ce matin à  Bergerac depuis Lalinde où j’ai laissé ma voiture moyennant un petit 25 km de plat me permettant de renouer en douceur avec les sensations de la randonneuse chargée de ses 4 sacoches latérales (2 avant autour de 3 kgs chacune durcissant la direction + 2 arrières autour de 4 kgs chacune).  TER jusqu’à Bordeaux et correspondance TER pour Biarritz d’où je démarre le cyclo par la voie de Baztan.

1e étape à Dancharia sur la frontière avec l’Espagne après 25 km supplémentaires depuis Biarritz dans le vert pays basque. 50 kms donc au total du 1e jour pour un 330 de Dénivelé positif.

 

Mais les plaquettes frein avant touche sur le disque. Je constate que mon multi outil n’a pas la bonne clef pour essayer de re positionner la plaquette.  SOS auprès d’un Mac Giver charentais en camping près de l’Hôtel pourvu d’une conséquente malette à outils et qui finira par me donner 1 coup de main pour améliorer la situation afin de re-positionner la plaquette en contrainte avec d’autres fixations - chacune nécessitant bien sûr une clef différente….. Intervention efficace et décisive : merci beaucoup à ce Monsieur car l’aventure a failli du coup s’arrêter avant de commencer.....  

 

Lundi 27 Août : Dancharia - Tolosa : démarrage moulinette sur les pentes du col d’Otxondo encore brumeux en son sommet.

Me voici en Navarre direction Pampelune sur une Nationale longeant le Rio Baztan donc relativement plate pendant une 20aine de kms.. Changement de profil lorsque je quitte la voie de Baztan pour entamer la diagonale qui me ramènera vers le Chemin côtier. Routes tranquilles et boisées, souvent bordées d’un Rio qui maintient la fraîcheur alors que le soleil s’intensifient, pour rentrer dans le coeur de la province de Guipuzcoa, jusqu'à ma ville étape : Tolosa.

J’ai admiré toute la journée les belles demeures navarraises, plus cossues que les maisons basques françaises,  moins colorées car murs pierres apparentes d’un ton un peu rosé alternant avec murs blanchis à la chaux, et des fermetures en bois verni, mais dont les balcons sont tout aussi fleuris. J’ai apprécié le soir de faire 1 tour dans le vieux Tolosa et de retrouver cette ambiance espagnole si animée en fin de journée quand tout le monde est dans la rue. Du coup, contrairement à la France, le petit commerce résiste ainsi au coeur des villes - contribuant à entretenir cette animation. Étape du jour : 90 kms - 1 400 D+

 

Mardi 28 août : Tolosa - Lezama : compte tenu d’une météo favorable avec perspective d’une dégradation pluvieuse demain, je décidais d’allonger l’étape initialement prévue.  Étape de montagne avec franchissement de 7 cols dans la journée : certes pas hauts 400 - 500 ou 600 m mais comme on démarre au plancher = Rudes montées autour de 7-8 kms en principe avec ponctuellement de bons pourcentages. De la province de Guipuscoa,  je suis entrée dans la province de Biscaye et à partir de Guernica, j’ai rejoint le tracé du Chemin côtier.

Au plan des anecdotes,  comme je m'arrêtais à l’ombre à  Elgoibar avant d’attaquer le col vers Markina,  un brave pépé, en train de boire un coup avec ses potes, est venu gentiment me proposer un verre de blanc bien frais !... Lui ayant expliqué que c’était peu compatible avec le vélo,  j’ai alors été gratifiée d’un bon coup d’eau fraîche avec remplissage des bidons bien appréciable vu la chaleur qui commençait à bien monter. .. Arrivée à Guernica et alors que je cherchais ma route pour attaquer mon supplément de parcours, un automobiliste s’est arrêté spontanément pour me renseigner avec force d’explications et m’a ouvert la route pour m’aider à sortir de la ville : bien sympa tout ça. ..

Dans les petites vallées : culture de kiwis.

Sur le dernier col, j’ai été interpellée par des grondements d’orage,  le ciel commençant à bien s’obscurcir… A peine 2 kms avant mon point de chute, les éléments  se sont déchaînés ne me laissant que le temps de foncer dans 1 garage fort opportunément ouvert. Le propriétaire m'a fait la conversation tout le temps que durait l’orage, de grêle de surcroît, et comme il parlait rapidement,  après les efforts physiques, j’ai dû poursuivre avec les efforts intellectuels ! La journée s’est terminée avec le menu du Pèlerin au restaurant du village bien apprécié car super dale à l'issue de mes 103 kms du jour pour 1 920 D+

 

Mercredi 29 Août : Lezama - Castro Urdiales :  petite étape ce jour vu météo pluvieuse annoncée mais grand moment avec la traversée de Bilbao. Selon guide = pour les vélos, suivre le tracé du Chemin - seul problème = mal indiqué et des travaux  donc perdu avant l’entrée de Bilbao. Merci GPS qui m’a permis de pas trop mal m’en sortir heureusement avant l’arrivée de la pluie.

J’ai quand même pu admirer le centre ville au passage.  

Une piste cyclable ensuite où la bruine tombant intensément m’a surprise et . 2 “pinchos” (petits sandwiches) rassis vite fait dans 1 bar pas sympa en bord de mer avant de repartir sous l’eau abandonnant le chemin pour la route avec les renseignements des locaux ayant mis le GPS -qui aime encore moins l’eau que moi- à l’abri.

J’apprécie là de comprendre pas trop mal l’Espagnol et de le bafouiller 1 peu !

Sur la Nationale empruntée  (très tranquille car 95 % de la circulation sur l'autoroute parallèle), pas mal de pèlerins marchant sous le poncho dont certains avec genouillères,  tongs ou boitant…. Dommage que le temps soit pourri car beaux panoramas côtiers.

Arrivée tôt à l’étape à Castro Urdiales où j’avais précautionneusement réservé 1 chambre dans 1 petit hôtel du Centre(via Booking). Possibilité ainsi de sécher les housses sacoches et vêtements - nettoyer le vélo - s’alimenter,  se reposer 1 peu et préparer l’étape de demain avant 1 petit tour et vrai dîner en ville ce soir. Etape de 57 kms pour 810 m D+

J’ai quitté Euskadi  (la Navarre) pour entrer en Cantabrique.

 

Jeudi 30 Août  : Castro Urdiales - Comillas : beau démarrage le long de la côte avec soleil mêlé de brumes. De Laredo à Santona : la route passe sur la Ria : réserve naturelle - dommage que la circulation aussi soit intense. J'évite Santander (Bilbao m’a suffi hier !) via une Nationale qui n’en a que le nom car  tranquille et champêtre - véritable route de campagne offrant des ondulations bien plus pacifiques que celles franchies en Navarre depuis 3 jours. La campagne est toujours aussi verdoyante avec de nombreux champs de maïs et les bois s'enrichissent de plus en plus d’Eucalyptus. Chaque gros village est bordé  d’un important polygone industriel qui témoigne du dynamisme économique de la région. Celui de Santona que j’ai traversé, est spécialisé dans le traitement du thon et des anchois (ça se sent !).

J’ai ensuite regagné la route côtière devenue très touristique avec notamment Santillana del Mar et j’ai fait étape dans une petite pension indiquée sur Buen Camino avec chambre individuelle à Comillas,  charmante station balnéaire avec belle plage mais aussi belle petite ville culturelle et 1 peu kitch, au riche passé dont témoignent son église et ses demeures .

Pour la partie anecdote, j’ai démarré la journée sous les encouragements d’un quidam en camionnette sans doute pas heureux d’aller bosser,  qui m’a gratifié d’un truc genre “bouge ton cul” - ce que j’ai fait par la suite mais jamais trop vite au démarrage. Mais non tous les Espagnols sont pas sympas - il  y a des exceptions .. et un pourcentage incompressible de cons partout !

Profitant d’un profil moins exigeant j’ai parcouru 122 kms pour 1 280 m D+

 

Vendredi 31 Août : Comillas - Colunga : partie  avec belle météo ensoleillée sur la petite route côtière commune avec les marcheurs. Vue panoramique sur le littoral : falaises entrecoupées de belles plages au sable blanc sur lesquelles les vagues écumantes viennent s’écraser.  

Nombreux campeurs surfeurs sur les emplacements aménagés : en majorité, des allemands. Côté terre : vue sur les rocailleux Picos de Europa -  avec 1 pensée émue pour ma jeunesse quand j’avais randonné là avec mes potes de Tarbes.

J’ai ensuite quitté la côte sur une 20ne de kms par 1 route bucolique où dans les pâturages qui ont remplacé les cultures de la veille, paissent de jolies vaches compromis entre la Salers (pour les cornes et la couleur) et l’Aubrac (pour la taille et les yeux ).

Je suis entrée en Asturies, pays de pommiers et de cidre (de nombreuses cidrerie sur le parcours).

Retour sur la côte avec pas mal de circulation vers Llanes compte tenu de l’importante faune touristique. Cela se calme heureusement après Ridadesella où je rejoins Colunga,  mon village étape, par la calme Nationale 632 incluant des montées abruptes permettant de dominer la mer.

Je rencontre aussi mes 1e Horreos : greniers carrés sur pilotis typiques et traditionnels d’Asturie où se conservaient les récoltes hors de portée des rongeurs .

A Colunga : logement dans  petit hôtel Pèlerin avec une propriétaire très sympathique qui me propose 1 lessive et de sécher mon linge au soleil sur sa terrasse : j’ai bien sûr sauté sur l’occasion.

Sur ses conseils, j’ai dîné dans 1 auberge proche : l’occasion de manger local  un plat dénommé “Fabada”à base de haricots blancs avec boudin et couennes, le tout arrosé du cidre d’Asturies : excellent. Demain : beau temps encore annoncé - les choses semblent ensuite se dégrader. … à suivre… 106 kms - 1 320 m D+

 

Samedi 1e Septembre - Colunga - Cornellana : Après les 20 1e kms, je quitte à  Villaviciosa - environ une 30 ne de kms avant Gijon-,  le chemin côtier pour piquer dans les terres rejoindre Oviedo, point de départ du Chemin Primitif. C’est la voie historique, comme son nom l’indique, du 1e pèlerinage , que le roi Alphonse 2  a emprunté au IXe siècle pour vénérer la tombe de l’Apôtre. Elle traverse l’intérieur de la Galice donc passe dans des paysages sauvages et montagneux. J’ai d’ailleurs attaqué par 1 col : la Campa,- comme je les aime = pente modérée sur de nombreux kilomètres = tout en douceur.  La traversée d’Oviedo m’a demandé un certain temps mais moins fastidieuse que celle de Bilbao.

J’en ai profité pour faire vérifier la pression de mes pneus chez 1 vélociste très sympa = en 1 semaine, super ! rien perdu ou presque.

Je suis entrée ensuite dans le vif du sujet des prochains parcours avec des montées de plus en plus abruptes.

Énormément de cyclos espagnols sur les routes en ce samedi - mais pour le cyclo sacoches : on ne peut pas dire que j’en ai vu beaucoup - ce que m’ont confirmé mes différents hébergeurs. A priori, le profil de ces voies ne mobilisent pas les vocations….

A noter aussi que les VAE n’ont pas encore franchi la frontière : ici, ça pédale pur et dur !Arrêt étape dans l’Auberge Pèlerin de Cornellana - près de l’ancienne monastère - pas le choix dans ce petit village :  Propre et très bien équipée avec une participation de 5 € pour la nuitée.. . Ô surprise, la responsable parle français : elle est belge en fait. Ce soir, je dors en collectif : boule quies de rigueur. … mais je crains le pire…..

Bon à savoir : “les Albergues” réservées aux Pèlerins, sur présentation du Crédential, offrent des dortoirs collectifs - quelquefois des chambres individuelles, un coin cuisine équipé, des sanitaires collectifs, une buanderie équipée de lavoirs, machine à laver, machine à sécher le linge pour un prix généralement modique.

Menu du jour pour dîner au restau du coin avec grand écran retransmettant un match de foot : ambiance espagnole du samedi soir…..104 kms - 1427 m D+

 

Dimanche 2 Septembre - Cornellana - Berducedo : finalement,  mes craintes se sont avérées sans fondement  car je suis tombée sur des gens très discrets et peu ronfleurs. .. donc une nuit de bonne récupération pour affronter l’étape du jour pas mal dénivelée puisque le Camino primitivo passe par la montagne asturienne et galicienne.

Au préalable,  échange sympa au petit déjeuner avec 1 jeune randonneuse s’avérant être canadienne de Montréal et faisant le Chemin avec 2 amis.

Ma formule vélo l’interpelle beaucoup puisqu’elle en fait elle même au Canada. Les pèlerins viennent de partout et on entend moult langages en cours de route.

Je démarre avec le brouillard -et donc mes éclairages pour la 1e montée vers La Espina où je retrouve le soleil. Le parcours alterne entre descentes et montées avec quelques beaux passages où la route reste suspendue en panoramique.

Je croise plusieurs citernes de collecte de lait : j’ai testé pour vous les yaourts Asturiana : crémeux et délicieux !. .. je recommande.

À Pola de Allende après bocadillo et surtout boisson, j’attaque à midi solaire dans la chaleur le col de Palo, point culminant du Chemin primitif à 1146 m. 12 kms de montée sur une belle route large avec pourcentages modérés  (autour de 5 % sur les 8 1e kms puis 6 %+ sur les 4 derniers… pas de difficulté majeure sauf le soleil et le manque d’ombre qui me font déclencher le “plan canicule” = bandana et tee shirt mouillé comme en boîte de nuit.. boisson régulière et quelques petites pauses à l’ombre en cours d’ascension.

En  haut une halte pour profiter d’un magnifique point de vue avant de descendre à vitesse modérée pour continuer à me remplir les yeux vers Berducedo  : petit village montagnard (on est encore autour de 800 m) de 112 habitants incluant pas moins de 4 auberges. 1 de complète - 1 de fermée ce jour ; je finis par trouver 1 chambre (1 peu + chère que le dortoir, mais de préférence au collectif …) à la Casa Marqués qui de plus propose le Dîner et le petit déjeuner.  Douche et lessive = les priorités du soir !.... L’orage commence à gronder après la chaleur excessive de la journée.  La météo des jours prochains est annoncée orageuse - mon parcours risque donc de s’en trouver quelque peu perturbé (au sens propre comme figuré ) et  ralenti.

Ce jour : 90,2 kms - 1 854 m D+

 

Lundi 3 Septembre : Berducedo - Lugo : je commence par 1 longue et fraîche descente se terminant sur l’imposant barrage de Gandas de Salime et l'embalse du même nom. Puis remontée jusqu’au Puerto de Acebo - certes un peu moins haut que le Palo d’hier avec ses  1 030 m mais avec une pente plus rude dont des passages à 9 %.Peu après,  je pénètre en Galice. Je vais évoluer pendant plus de 80 kms entre 1000 et 900 m d’altitude avec un belle fraîcheur ambiante contrastant fortement avec l’excessive chaleur d’hier : des nuages mais pas de pluie .

Donc 5 cols franchis ce jour avant de trouver 1 route plus cool pour finir d’atteindre Lugo et ses murailles romaines : uniques mais noyées dans l’urbanisme environnant.  

En effet, comme c’est une ville importante : plus de 98 000 habitants - arrivée du côté faubourg pas sympa et carrément paumée, j’ai cherché le centre ville pour trouver une auberge pèlerins. J’ai atterri dans la municipale : grand dortoir collectif et mixte. Très peu d’éléments féminins : ce qui est pratique pour les douches. … loin de la tranquille petite auberge précédente … et sans nul doute là, agressée nuitamment par le fléau = punaises de nuit.

Mon voisin de lit est 1 Français : parti depuis le mois de mai du Puy en Velay + Camino francès dans la canicule castillane  + Chemin primitif : sans doute 1 sacrée motivation à la clef, j'admire !Étape du jour : 107 kms - 1 856 m D+

 

Mardi 4 Septembre - Lugo - Pedrouzo : ciel gris en sortant de l’Auberge. Par précaution,  je bâche les sacoches, enfile les surchausses et le goretex.  Traversée de la vieille ville de Lugo en essayant de suivre les balises du Chemin pour trouver la bonne Porte de sortie, puis la bonne route avec l’aide d’une locale tôt levée et c’est reparti  sur 1 “côtelette” de 11 % à froid.L’Horréo galicien, toujours grenier sur pilotis mais plus petit et rectangulaire a définitivement remplacé celui des Asturies.

Je me sépare du parcours du Primitif pour aller rejoindre au niveau de Sobrado (belle abbaye dans le style du coin) l’arrivée du Chemin côtier et converger à Arzua avec le Camino Frances (venant de Castille) et le Primitif (que je retrouve). Finalement,  le temps tient le coup et moi, je tombe la veste !

Restent quelques 36 kms jusqu’à Santiago. Je tente de suivre le Chemin qui serpente de chaque côté à proximité de la route : malheureusement,  contrairement à d’autres tronçons que j’ai empruntés, il n’est pas asphalté, voire caillouteux : trop de secousses avec les sacoches et ça n’avance pas. Je poursuis donc sur la nationale pas trop surchargée et bénéficiant de confortables bas côtés.

Sur les passages communs,  défilé incessant de pèlerins et au long de la route,  de plus en plus de propositions d’hébergements.

J’avais programmé de m’arrêter ce jour au plus près de Compostelle pour y arriver le matin (ce que conseille le guide Buen Camino) : ce que j’ai fait avec arrêt  dans la bourgade de Pedrouzo à environ 20 kms avant Compostelle - d’autant plus volontiers que les cieux s'assombrissent de nouveau. N’étant pas arrivé trop tard, j’ai été faire 1 tour au village : complètement consacré au pèlerinage avec, en plus des hébergements et restaurants,   des boutiques de souvenirs pour le Pèlerin dont des caisses de coquilles Saint Jacques …. préface à ce que je vais voir demain sans doute.. En tous cas, j’ai retrouvé ce soir 1 certain confort dans 1 accueillante chambre particulière pèlerin avec bains (25 €).

Aujourd’hui,  plus de cols, ni de montages; mais bien bosselé  sur le parcours du jour de

86 kms - 1 155 kms D+.

 

Mercredi 5 Septembre : Pedrouzo - Santiago : ultime ligne droite pour arriver à Santiago de Compostela ; quand je dis “ligne droite”, façon de parler...

J’ai navigué entre la nationale, le Camino façon piste, et surtout des petites routes  parallèles.

Entrée matinale sans problème à Santiago (Capitale de la Galice - 96 000 habitants)  - mes priorités étant de gérer l’hébergement ; mon retour en train et celui du vélo. Après 2 ou 3 tentatives, je trouve  une Albergue sympathique stratégiquement située entre le Centre et la Gare.

Confirmation à la RENFE qu’il n’y avait qu’un train par jour longue distance pour Hendaye qui n’acceptait pas les vélos sauf démontés et emballés et pas de solution de retour par des “medias distancias” un peu l’équivalent de nos TER acceptant les vélos.  J’effectuai rapidement 1 réservation pour le surlendemain car le train était déjà quasi complet. Il faut dire qu’il dessert plusieurs villes de Castille, puis de Navarre.

Je résolvais également le retour du vélo avec Los Correos  qui propose 1 pack cyclo retour à domicile sous 8 jours et contribuais à l’emballage avec le préposé très sympathique  .

Puis grande queue à l’accueil international des Pèlerins,  derrière la Cathédrale pour faire valider mon Credential et  récupérer “la Compostella”.

Je faisais donc d’une pierre 2 coups et ces problèmes d’intendance étant résolus, je pouvais consacrer la journée du lendemain au tourisme. Ce jour, les 25 ultimes kms et 340 m de D+

 

Au final : 940 kms pour 13 700 de Dénivelé positif

 

Jeudi 6 Septembre - journée tourisme :  Après 1 “grasse” matinée,  entendez 1 lever 1 heure plus tard que tous les matins d’étape, me voici partie à la découverte du vieux Compostelle par d'étroites ruelles entrelacées où il est facile de se perdre et compliqué de se retrouver. C’est d’ailleurs tout 1 spectacle de voir touristes et pèlerins le nez dans le plan (sans index de rues) où dans Google maps cherchant désespérément leur direction et du coup, ne regardant plus rien autour….

Je n’ai d’ailleurs pas échappé à la règle la veille aussi je décidais de flâner au hasard et de profiter à plein de l’environnement.  Je me retrouvais rapidement sur l’immense praza do Obradoiro où convergent les pèlerins des différents chemins devant la majestueuse Cathédrale, point d’orgue du Pèlerinage - dans une ambiance très bigarrée et joyeuse.Une visite s'imposait donc à cet immense et riche Cathédrale, à façade gothique du XVIIIe, protégeant la construction romane antérieure,  oeuvre de Maître Mateo. A l’intérieur grande variété de chapelles, l’autel principal avec la statue de Santiago qu’il est de tradition d’embrasser,  au-dessus de la crypte intégrant la tombe de l’Apôtre ; remarqué également le Botafumeiro symbole bien connu de la Cathédrale de Santiago, encensoir gigantesque dont la corde, lors de grandes cérémonies, est tiré par 1 groupe de  personnes afin qu’il effectue un mouvement pendulaire dans toute la nef.

Lors de ma visite l’après midi du Musée de la Cathédrale,  j’ai mesuré tous les problèmes générés par l’humidité et les travaux considérables entrepris et à entreprendre pour la conservation du monument et des oeuvres qui l'habitent.

C’est le cas du Portico de la Gloria, l’ancienne façade romane de 1189, oeuvre majeure du roman espagnol, dominé par le jugement dernier : actuellement en restauration mais ouvert au public admis par groupe de 25. J’avoue ne pas avoir eu le courage de m’aligner sur les 12 travées de queue permettant l’accès contrôlé. Donc tout cela parce que l’Apôtre Santiago ayant évangélisé une partie de l’Espagne,  avant de repartir vers Jérusalem pour continuer sa mission, fut tué là-bas sur ordre d'Hérode. 2 de ses disciples entreprirent alors de ramener sa dépouille martyrisée sur la Péninsule qu’il avait évangélisé. Ils débarquèrent a Fisterra sur la côte de Galice, et inhumèrent l’Apôtre sur les lieux actuels où s’élève la Cathédrale. 1 temps oubliée, sa tombe fut redécouverte au 9e siècle et gênera ensuite l’élan des pèlerinages qui s’amplifia et perdure jusqu’à nos jours.

Autre point fort de la journée : une visite au Marché animé et coloré Plaza de Abastos.  Autour des grandes halles de 1940 : tous les éventaires des producteurs locaux (fruits - fleurs - légumes) ;  à l’intérieur classé par spécialités, l’allée des poissonniers , des bouchers, des crémiers avec les curieux fromages locaux en forme de cône. etc  et une allée de stands de restauration locale.

J’en ai profité pour déjeuner spécialités  d’une crêpe fourrée au poisson crû mariné avec purée d’avocat  et d’une friture de poissons (botorones), le tout arrosé d’un blanc galicien sec et fruité à la fois. Café ensuite sur une charmante place animée par la musique de 2 talentueuses violonistes locales  (groupe Arcos ) - pur moment de grâce et de détente.

Pour terminer cette belle journée,  j’ai, comme la veille et comme les autres, remis le nez dans Google Maps pour retrouver mon albergue. . . . .

Alors que la veille  (et toutes les fois précédentes ) les gens avaient été d’une grande discrétion et correction, nous avons eu droit ce soir là à un tintamarre de beaufs espagnols (PS : on a les mêmes en France) hurlant au lieu de parler,  claquant les portes au lieu de les fermer. .. je me suis donc permis d’aller leur demander de baisser le son… efficace sur le moment. Mais chassez le naturel, il revient au galop : ils ont recommencé le lendemain matin… pas trop grave me concernant,  j’ai juste 2 kms à faire pédibus pour prendre le train

 

Vendredi 7  Septembre : péripétie finale ! à l'heure de ce récit,  j'en souris..... car pour tout dire, tout finit bien... mais en cette journée là, j’ai subi 1 stress puissance 10....

Donc le 7 comme prévu, pris le train à Santiago  direction Hendaye. Déjà 20 minutes de retard au départ.  A l'arrêt de la 1e gare : Ourense, 1 heure + tard - 20 minutes à quai suivis d'une annonce micro nous informant que suite à 1 avarie de la machine, nous ne repartirions que 1 h 30 à 2 h plus tard - temps nécessaire pour aller chercher 1 autre loco à la gare suivante. Compte tenu d'un besoin pressant, de celui de prendre l'air et me dégourdir les jambes, je m'assurais, auprès du contrôleur, des horaires annoncés et de la possibilité de descendre dans la gare. Confirmation de ce dernier.

J'en profitais  pour passer rapidement 1 coup de fil devant la gare et informer l'hôtel réservé à Irun de mon arrivée probable après minuit - puis restais un moment dans la salle d’attente dans la gare. Au retour sur quai vers 13h pour rejoindre mon train(donc demi heure avant le départ annoncé ), la préposée m'informait que le train d'Irun était reparti  (dont avec mes 2 sacoches cyclo). Je vous laisse mesurer le grand moment de solitude paniquée qui alors m'envahit !... Je courais donc au guichet faire état de mon problème et de mon incompréhension de la situation compte tenu des annonces officiellement communiquées.

La loco ayant retrouvé un 2e souffle, le train était reparti depuis 1 grand moment, de façon anticipée précédé, paraît il, d’annonce micro que je n'ai pas entendue, sans doute au moment où je téléphonais. ..

Bien sûr,  pas d'autre train avant le lendemain pour Hendaye.

Faisant état de la communication initiale erronée,  j'obtenais la réservation d'un taxi (pris en charge par la RENFE qui devait quand même se sentir responsable) m'assurant que le train m'attendrait à la gare d'O Barco.

Rendue à la dite gare, je demandais au chauffeur de taxi très sympa de m'accompagner pour dialoguer si nécessaire. Et là : pas de train,  quai et petite gare déserts. Guichet fermé. 2e grand moment de stress.

Mon chauffeur, décidément sympa, téléphone à RENFE (plate forme centralisée) dont l'opérateur  très zélé (et très con : c'est pareil) refuse de transférer l'appel à la gare d'Ourense, ni de communiquer le numéro direct,  prétendant qu'on ne peut pas les joindre au téléphone.

Mon chauffeur appelle alors 1 collègue taxi stationné devant la gare d'Ourense afin qu'il se rende au guichet pour expliquer le problème et demander la marche à suivre. Enfin une liaison téléphonique avec 1 responsable de la gare d'Ourense : accord est donné pour poursuivre en taxi jusqu'à la gare d'Astorga où il nous faut arriver vers  16 h = soit 1 heure pour plus de 100 km. Sinon continuer jusqu’à León soit 75 km autoroute de +...

Tension extrême chez moi, mais aussi chez mon chauffeur, qui va la jouer "Schumarerr " comme il dit... nécessaire enfin fait par Ourense qui retient le train 10 minutes de plus à Astorga où je suis attendue. On s'embrasse spontanément avec mon chauffeur en se quittant. Inutile de dire que je lui ai donné 1 bon pourboire en plus des quelques 300 € que va lui devoir la RENFE. Fin de la séquence émotion !... plus épuisant qu'une étape de 100 bornes en cyclo sacoches avec 2000 m de dénivelé ! ... je m'effondre dans le train jusqu’à Hendaye où il arrive finalement vers 22 h 30. "

Pas triste n'est ce pas !.... mais tout est bien qui finit bien….

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